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15 août 2011
On les voit les gens qui rentrent de vacances, ils ont remis le sweat qu’ils avaient prévu « au cas où il ferait frais le soir » et ils marchent encore trop lentement, leur valise à roulettes + un sac Carrefour pour tout ce qui est pas rentré, lui porte des tongs et sa meuf s’est détaché les cheveux parce que c’est fini la relâche, fini la roue voilée du vélo loué et les pizzas du camion bien qu’on se soit promis « qu’on ferait attention quand on sera en vacances, de toute façon l’été on mange moins, on mange que des fruits et des salades ». Tout le monde sait que c’est faux, on mange de la pizza et les pissaladières de la boulangerie, pas celle d’en bas celle de deux rues plus loin ». Même si Pezenas finalement c’est touristique et qu’il n’y a que des échoppes qui sentent le savon artisanal, ils garderont que les bons souvenirs parce que la tête est bien faite. Y’a les vraies vacances, celles en Italie où on boit du limoncello glacé après minuit, et puis les gens qui utilisent l’appli Localisation de leur Facebook mobile pour indiquer qu’ils sont à JFK ou alors à l’aéroport de Bastia (y’a un aéroport à Bastia ?). Bon ça va, j’ai pas de regret parce que je préfère les weeks ends surprise aux longues vacances, à moins que ça soit pour faire la route 66 en voiture, encore que la vérité on la connaît, se taper 1000 kms par jour ça force les embrouilles, en travelling c’est beau une route américaine mais les travellings durent 10 secondes max et pas 12 heures, c’est pour ça que j’ai pas de regret et que je préfère les longs weeks ends. J’ai toujours pas mis à éxécution mon plan « Seule Venise », mais je sais pas si j’ai la patience de méditer. Quand je pars seule quelque part, je comprends des choses sur le trajet puis au bout d’une heure sur place je m’ennuie déjà, je suis trop timide pour parler aux gens comme ça sans caméra, si on me parle je devise avec plaisir en ayant l’impression d’écrire une histoire mais faut pas se leurrer, peu de gens te claquent un début de roman comme ça un coude sur le zinc. Ca m’est arrivé une fois, pas deux je pense, enfin on sait jamais. Ca reste dans mon esprit comme le moment le plus complet que j’ai connu, j’ai pas dit un moment d’éternité parce que les concernant je barre le soi disant meilleur quasiment toutes les semaines pour le remplacer par un nouveau, j’ai dit le moment le plus complet c’est pas pareil. Il était sept heures du matin, dans un café de village, on venait de rentrer par un col en écoutant Erikah Badu (aujourd’hui je zappe quand je l’entends, j’ai dû je crois en faire le tour ce soir là) et au lieu d’aller se coucher alors qu’une villa en plein milieu d’un champ avec des moutons nous attendait, on est allés boire un café et y’avait un mec dans le bar, avec un expresso et un impair beige, il écrivait sur un carnet assez grand, le patron en voyant que je le regardais me l’a montré du bout du menton en disant que c’était l’écrivain public qui venait chaque matin ici pour raconter sa vie à lui dans ses carnets, j’avais la bouche ouverte d’autant plus que le type avec qui j’étais avait lancé Noir Désir dans le Juke box en sachant que j’aimais ça, je trouvais ça assez mystique qu’il choisisse « on n’est pas encore revenus du pays des mystères » (je sais que c’est pas le titre de la chanson ça j’écris le début de la chanson pour aller plus vite merci t’as gâché mon effet) alors que j’étais en plein dedans, avec la bouche ouverte et mon café qui m’attendait pour finir de faire la nique au semblant de fatigue qui me restait, c’est toujours comme ça après une nuit sans dormir t’es pas fatigué, c’est plus tard que ça vient, comme avec une anesthésie de la dent.
Je crois que c’est pas facile de faire le pont entre toutes les choses, être à l’aise avec soi alors qu’on marche trop pieds nus et qu’on a la paume des pieds toute sale, être blonde alors qu’on n’est pas cool, manger la presse alors qu’on sait que l’information y est biaisée, bref, je crois que je devrais me traiter comme un jambon pata negra : me nourrir bien et longtemps, puis me saler et me faire poser pendant un an pour revenir plus sage et avisée. En attendant je regarde chez moi en me disant qu’il faut que j’y fasse le ménage, ne plus fumer au salon et ne plus fumer du tout d’ailleurs, éteindre les lampes quand je suis pas quelque part, bordel on dirait une putain de to do list avec des trucs positifs dedans je hais ça et cette pute de Bridget Jones qui fait passer les meufs pour des idiotes, non pire, qui les fait passer pour juste des filles et plus comme des humains complets. (big up à Jojo qui, je pense déteste toujours autant le petit cochon Zellwegger).
Tout ça pour dire que les vacances c’est bien si on s’attend pas à ce que ça soit bien, c’est aussi pour ça que j’ai du mal avec les vacances, ça m’intéresse pas de me prendre en photo pouce en l’air devant je ne sais quel monument et de retoucher la photo avec Instagram putain, où que je sois, n’importe où je veux que ça soit incroyable, comme l’autre nuit où la pluie tombait et le ciel était parme, et je trouvais ça tellement putain de magnifique que je voulais pas dormir et je me disais que ça valait tous les putains de Calvi on the rocks que tu pourrais me proposer, ever.
Je disais quoi plus haut ? Ah oui, les couples que je vois passer et qui rentrent de vacances. Welcome back les gens…
Ton article m’énerve. Pot un bar. Il est trop type taupe cool, trop hype. C’est décousu avec un escalier de pensée peu aisé à remonter, c’est biscornu et plein d’humour, de compassion, d’odeur et d’images. Bravo. Et welcome back toi-même.