Je pense à la fin du monde en mangeant du fromage de chèvre
17 mars 2011
Je me rends compte que le temps fait beaucoup de choses à l’angoisse, ces derniers jours j’étais branchée all day long sur France Info, il faisait beau, et bon, ça allait. Aujourd’hui qu’il fait bas, je me suis recouchée pendant 4 heures, d’autant que ce qui se passe au Japon a un impact direct sur mon économie à moi, dans la mesure où mes chroniques sont supprimées cette semaine pour cause de remplacement par des gens qui savent de quoi ils parlent. Bon à mon sens ça devrait pas durer, quand on saura si on est cuits ou pas, je serai réintégrée pour divertir les gens jusqu’à la fin, comme dans la vie est belle vous vous rappelez ? Du coup j’ai fait un poulet aux olives, et j’attends deux heures (c’est pas comme si c’était le moment de prendre le temps) qu’il mijote avec du vin de noix et du fromage de chèvre. J’avoue que c’est un peu fantasmagorique, puisque je suis dans ma cuisine, à écrire, à la Grisélidis Réal (lisez Grisélidis Réal, une pute révolutionnaire Suisse, non vraiment lisez-la). Pour moi qui ai toujours associé ça à LA VIE, écrire seule dans une cuisine, c’est une marque repère, comme d’autres prendraient des granules d’Arnica spécial Choc ou comme tonton Domi continuerait à fumer sa roulée alors qu’il n’a plus rien entre les doigts.
Moi je me suis pas demandée pourquoi ça arrivait maintenant, c’est pas comme si on n’avait pas été prévenus, j’veux dire Y’a eu Godzilla, mais bizarrement, ma peur #1 étant les Tsunamis (d’ailleurs tout le monde me dit de ne pas m’inquiéter quand je suis au bord de la Méditerranée, mais les gars, je me suis renseignée et y’a eu un Tsunami à Santorin, bon y’a longtemps, mais c’est quand même relativement dans le secteur j’veux dire), pourtant je suis assez relax je trouve. Enfin c’est vrai que depuis vendredi je sors tous les soirs et je mange de la charcuterie alors que it’s a no no combination avec mon IMC, ça doit être ma manière à moi de profiter. Heureusement que je suis pas Natasha St Pier et Pascal Obispo sinon j’aurais écrit une chanson insupportable à base de « Si l’on devaiiiiit, mouriiiiiir demaiiiiin », Ouf putain, j’aurais pas supporté…
(j’ai du chèvre dans ma touche B)
Je me suis jamais autant renseigné sur l’actu qu’au moment de passer le concours de l’ESJ, et la fois d’avant c’était un peu forcé puisque c’était l’époque où j’avais tellement peur de tout que la probabilité que je sorte était aussi forte que celle de trouver Ben Laden en plein effeuillage au Secret Square comme ça sur un malentendu. Je me dis que donc que c’est fou, la priorisation de l’actualité est machinale, on est rivés sur le mot clé « Japon » et dès que j’entends un spécialiste pro nucléaire je parle toute seule chez moi comme une personne trop seule, à dire « non mais n’importe quoi, quel connard mais quel connard ». Le constat que je fais c’est qu’on ne sait RIEN ou pas grand chose sans sortir Wikipedia. C’est triste, parce que vous savez y’avait une bannière « DONATION » pendant longtemps en haut de l’encyclopédie et nada j’ai jamais rien donné, je me sens comme un mec qui paye pas sa pute. Affreux. Bon, en général je regarde les gens et je me sens pas super, tout à l’heure j’ai donc été acheter des zitoun pour mon poulet et les gens consomment normal, on sent aucun changement dans leurs comportement en général, c’est peut être simpliste ce que je baratine mais j’aurais bien voulu qu’il se passe quelque chose, non c’est de la merde ce que je dis, les gens s’en foutent, les twittos se twittent le nombril et font des blagues sur la catastrophe, sur facebook ça partage des vidéos, mais en général, je sais pas, non je sais pas en fait. (Là, normalement, je fais « supprimer » et je ferme mon admin WordPress en me disant « mais ta gueule non ? On s’en fout en général de tes conneries ! » Mais là je vais me forcer, il faut bien que je mette quelque chose sinon vous allez penser que je suis rentrée dans les Vosges pour aider Madame Collen à vider des canards, alors que non, je suis là ! »
Je sais pas pourquoi, mais ça me paralyse un peu ces histoires de catastrophe, va savoir pourquoi. J’ai 4000 trucs à finir et à présenter pour avoir du travail et du plaisir dans mon avenir proche, mais j’arrive pas, je n’ai fait qu’acheter un rouleau de papier Kraft et des feutres noirs pour dessiner ce qui se passe au jour le jour. D’ailleurs je vais vous raconter Jeff tiens, oui voilà une bonne raison. Allez zou.
A tout de suite.
Et là d’un coup, j’ai l’impression d’avoir un super pouvoir. je demande et j’obtiens. Je veux donc maintenant 100 millions d’euros et des arbres en marshmallow. Moi y a des miettes de cookies Pepperidge Farm dans mon clavier et du lait. Mais j’ai trop de travail pour penser aux autres, de temps en temps, je lis un truc sur Twitter ou autre et j’y pense et je me dis : « c’est moche/c’est flippant/quel monde de merde/il faut qu’on arrête de vivre comme on le fait » (take your pick) et je repars dans ma transe entre mon DVD qui ronronne pour occuper mon esprit et mon sous-titrage de Barnaby au radar. Et ça recoupe ce que j’ai dit ailleurs et que tu as lu : Je ressens de la compassion et de l’empathie mais ça ne m’empêche pas de vivre, comme le reste des horreurs dans le monde (le Darfour, la Côte d’Ivoire, la prostitution enfantine, les pédophiles, la violence…) et dont j’ai conscience chaque jour et pas juste quand ça tache un peu plus que d’habitude comme là. Et c’est tant mieux. Ou tant pis. Ça dépend des jours.
Ces derniers temps je pense que beaucoup se sont sentis d’une grande inutilité face aux évènements qui ont frappé la planète Terre.
Pas très gaie ce post, mais inspirant.