Pourquoi les Vosges c’est néo hype en 4 puces
30 mars 2010
Première puce : Chez ma grand-mère, c’est comme chez Paul mais en moins cher et en meilleur
De 9h45 à 11h45 chez mamy, t’apprends la vie. Tu savais pas rôtir un lapin ? A midi tu sauras. Tu savais pas faire une soupe ? On en reparle dans une heure. Tu savais pas comment faire une tarte, raboule-toi, pose tes fesses et regarde-là valser. De l’évier au lapin (qui rôtit) et du lapin à la ciboulette à couper devant la maison, vas-y, ouvre tes yeux. A partir de midi, ce que tu manges c’est tellement bon que t’apprends pourquoi CA vaut le coup assis devant ton assiette creuse.
Et puis la tarte, la tarte mon garçon, je t’en parle pas sinon tu vas rabouler ton derch de mec sage devant chez mamy coucou, et elle ça va la stresser parce qu’elle te connaît pas et qu’elle saura pas que t’es introduit par moi, en ami chez elle.
Deuxième puce : chez ma grand-mère, c’est le Salon du vintage, sauf en vrai.
« mamy t’as un dessous de plat pour la cocotte ? » (minute la cocotte hein, je suis pas en train de demander à ma grand mère si je peux poser ma teuch sur la table du déjeuner, le respect la politesse).
Elle : « oh tu sais depuis 1954 on met pas de dessous de plat tu peux y aller ».
La table, c’est du formica, rose, coins arrondis, à la base rectangle. Je peux te dire qu’il y a du gamin qui s’est toqué la tronche sur les bords cette table. Trois générations exactement. La table est usée, de coups de couteaux, de cocottes trop chaudes, mais elle résiste, elle se laisse écarter la rallonge quand il le faut, elle se laisse ouvrir le tiroir du bout sans broncher. Ca va.
Tierce puce : Ma grand-mère c’est Arte en moins compliqué.
Et puis quand c’est l’heure du café philtre, alors t’apprends pourquoi si t’as de 40 à 1 an, t’as pas l’instinct de survie. A base de « dans le temps », ma grand-mère sympa elle te raconte la guerre, les obus, les allemands, la déportation des autres, les familles qui filaient un coup de patte, les ticksons pour avoir du pain ou des chaussures, et puis l’usine qu’elle a dû arrêter alors que ça la branchait plutôt comme boulot.
Elle s’en rend même pas compte elle raconte ça comme aç en rassemblant les miettes de pain, et moi j’suis là en face à brancher mon ampli pour pas en rater une, de miette…
Fourth puce : mes tontons, c’est Strip tease, mais en 3D.
Ceux qui habitent au fond des bois, ceux qui vivent chez leur maman, ceux qui parlent pas souvent, ceux qu’on se demande ce qu’ils trifouillent, ceux qui ont les ongles longs, ceux qu’on se dit qu’ils feraient mieux de l’écrire, ceux qui regardent loin quand tout le monde discute, ceux qu’on voit bien que ça va pas mais qui n’en diront jamais rien, ceux qui n’ont pas de femmes, ceux qui en ont mais bon, ceux qu’on est sûrs que c’est sa femme ? Ceux que bon… voilà quoi… Ceux qui devraient arrêter, ceux que de toute façon c’est trop tard pour arrêter, ceux qui portent des pulls qu’on s’arracherait en friperie, ceux que vraiment faudrait faire un film sur eux. Mes tontons quoi.
Ah oui, ceux qui sentent le bolet.
Voilà, je crois qu’on a la preuve par 4 que là bas ça vaut largement les zones 1 à 3 du pass Navigo, les 2, 20 de tarif de nuit du tacot, l’euro 70 d’un ticket de bus s’il-vous-plaît-tenez-n’oubliez-pas-que-c’est-sans-correspondance.
Mince, MMJ, les 3 premières puces je m’y retrouve, et ma mère-grand aussi! C’est tout à fait ca. Vive les grands-mères et leurs bouquins qui sentent le vieux!
MIAM! Comme je me sens moins seul!